Le contexte : CLD Shawinigan, 2008, commissaire industriel de l’époque (ben oui… «de l’époque», que j’aime me vieillir! Ben non, Simon, tu te fais encore demander tes cartes à la SAQ, on dit plutôt «gagner en crédibilité» pour un gars qui n’a pas encore de barbe!) Lundi matin, 8h30, gorgée de café, regard pensif à la fenêtre, salutation à mon «boss», Luc, qui passe rapidement dans le couloir comme un ado attardé, une autre gorgée de café, un regard… Bon OK, grosse journée, ça manque un peu de sérieux!
J’essaie de me préparer pour ma rencontre, comme à l’habitude, je suis supposé rencontrer un certain «Jean-Paul». Séance de «benchmarking» pour essayer d’en connaître davantage sur le promoteur, mais dans ce cas-ci, je trouve «sweet nothing»… Alors, je me résigne… «On verra ben» que je me dis! 9h, 9h10, 9h15… Jean-Paul est en retard de quelques minutes, ça commence mal… Au même moment, mon regard pensif balaye la fenêtre et j’aperçois un vieil homme… C’est tout… Rien de trop pertinent, vous me direz, jusqu’à ce que Nancy, pas ma blonde qui n’est jamais là, mais plutôt l’adjointe administrative de l’époque, m’interpelle pour me signifier que mon rendez-vous de 9 h est finalement arrivé! Je sors aussitôt de mon bureau. Surprise, c’était mon ti-vieux à la fenêtre, cheveux blancs avec une belle teinte jaunâtre «Du Maurier king size». Finalement, ce ne sera assurément pas un matin comme les autres! J’invite Jean-Paul à s’asseoir et à me raconter son histoire…
Lui aussi veut gagner rapidement en crédibilité, de ses vieux pantalons en «corduroy» (oh que c’est laid ce mot-là, tout comme les mots édredon et/ou restitué… Bon je m’éloigne!) brun foncé, il sort de ses poches un vieux bouchon coca-cola en métal et je cite : «Mon gars, c’est moi qui ai inventé le «twist cap». Crois-moi, crois-moi pas, je me suis fait voler mon idée!» Oh que ça part fort. Mon Jean-Paul, alias «le patenteux», est atteint de la maladie de la «patentophilie», c’est-à-dire une méfiance extrême pour partager les idées qu’il a lui-même développées! Après cet impressionnant diagnostic, il sort de sa poche intérieure de son cardigan (je suis certain qu’il a fait coudre une poche intérieure exprès pour cacher le papier qu’il s’apprête à me montrer) un plan coupé en forme de casse-tête pour être bien certain qu’aucun vol ne soit possible… Ouf… Diagnostic tellement confirmé! Mais après quelques minutes, tel un magicien du «cube Rubik», son projet prend forme sous mes yeux… Je l’écoute me décrire avec tellement de passion les moindres détails de son projet qu’il a lui-même «patenté». Je le crois, ça fait du sens, à un point tel que j’accepte d’aller chez lui pour qu’il me montre sa «vraie patente à gosse»! J’avoue que, rendu-là, c’est beaucoup plus de la curiosité qu’une réelle croyance en la faisabilité du projet compte tenu que, malgré que cet homme soit un brillant ingénieur sans diplôme, malheureusement son projet est déjà dépassé par ce qui existe déjà sur le marché. Il l’a inventé et aurait assurément passé pour un génie en 1980, surtout dans le secteur de l’efficacité énergétique, mais une chose est certaine, simplement à l’écouter et à m’intéresser à l’homme et son histoire, j’ai suffisamment gagné sa confiance pour qu’il délaisse temporairement sa folie.
J’en conviens, le cas de Jean-Paul est extrême, mais c’est notre rôle d’accompagner les «patenteux» de ce monde, d’accompagner les entrepreneurs en constante innovation, de les écouter, de s’intéresser à eux et de faire vivre leur rêve à travers la réalisation de leurs projets. Comme gestionnaire aujourd’hui, c’est le message que j’essaie de porter avec mon équipe; au-delà d’être des financiers, nous sommes avant tout des partenaires de votre projet. Nous voulons vous écouter et vivre votre rêve avec vous, en vous partageant de judicieux conseils! N’ayez pas peur de vous ouvrir, le Québec et particulièrement la Mauricie, a un criant besoin d’innovations. Alors, si vous souffrez de «patentophilie», venez nous voir chez Desjardins Entreprises, nous avons ce qu’il faut pour vous guérir!